Le chef-d’œuvre de KG
Quinze saisons, douze all-stars game, deux MVP… une carrière légendaire pour l’un des joueurs les plus dominants de l’histoire d’ABN. Durant douze saisons Kevin Garnett aura été l’âme et le cœur des Knicks, un véritable Franchise Player, capable d’intégrer chaque saison la all-nba et la defensive team. Coup de tonnerre pourtant en 2007 : meilleur joueur de la ligue pour la seconde fois, Garnett se montre incapable de mener son équipe en PO. S’en était trop pour le front office de New York, qui envoie « KG » à Seattle contre les jeunes Josh Smith et Deron Williams ! Ce titre de MVP était empoisonné. Si individuellement il n’avait plus rien à prouver, le bilan collectif de douze saisons au sommet laissait perplexe la plupart des GMs. Aucune bague, pas même une finale disputée, malgré plusieurs saisons à dominer l’Est en saison régulière au début des années 2000… Ce titre de MVP, alors que KG venait de fêter ses trente printemps, achevait de tailler un costume de loser au joueur. Un joueur aux statistiques incroyables, mais incapable d’emmener une équipe au titre.
Lors de la saison 2007, Garnett retrouve la post-season avec l’équipe de Seattle qui termine 4ème à l’Ouest. L’aventure tournera court : battus 4-2 par des Grizzlies dès le premier tour, la dernière année des Sonics à Seattle s'achève sur une campagne au goût amer. À tel point que, au cœur de la pré-saison 2008, le GM de la toute nouvelle franchise du Thunder décidait d’avorter le projet en cours et de repartir de zéro ! Garnett et Hugues quittent le navire, direction Detroit, en échange des jeunes Eric Gordon et Brook Lopez.
Chez les Pistons, s’ouvre ce qui ressemble au dernier acte d’une carrière malgré tout bien remplie. A déjà trente-deux ans, Kevin Garnett se retrouve devant un défi colossal : remporter sa première bague et guider la franchise vers son premier titre. Au terme d’une très belle saison régulière (50-32), le Pistons écartent les Cavaliers de Lebron James au premier tour des playoffs (4-1). Mais, au second tour, ils ne résistent pas au duo historique des Hornets et s’inclinent largement (1-4). Convaincu néanmoins par cette saison, la meilleure de leur histoire en termes de résultats, le GM des Pistons reconduit sa confiance dans le collectif mené par Garnett, amenant seulement un peu densité en sortie de banc avec Holman, Diop, Garbajosa et Crawford.
Au printemps 2009, s’achève la plus belle saison régulière de l’histoire du club. Dans une conférence Est pourtant infernale, les Pistons se hissent à la 3ème place (53-29). À trente-trois ans, Kevin Garnett se retrouve à nouveau face à son destin. Voici l’histoire de son chef-d’œuvre…
Paul et ChaunceyPour son entrée en playoffs, les Detroit Pistons voient se présenter face à eux les redoutables Pacers, finalistes malheureux la saison précédente. Au cours de cet affrontement, KG croise le chemin d’une autre légende sans titre : Paul Pierce. Bien secondé par ses lieutenants Billups et Miller, « The Truth » pensait avoir fait le plus dur en inscrivant un panier, puis en allant chercher deux lancers, pour donner six points d’avance à deux minutes du terme de la première rencontre (Time Remaining: 2:02 Pistons 86, Pacers 92). Pourtant Detroit s’accroche et revient à -4 grâce à Chris Bosh, puis -2 grâce à Hugues au buzzer de l’horloge des 24. Asphyxiés par la défense des Pistons, les Pacers restent muets en attaque, et Hugues ramène son équipe à égalité à 19 secondes du terme. Avec un peu de précipitation, Chauncey Billups tente un trois points en tête de raquette… manqué ! Lowry arrache le rebond et appelle immédiatement le temps-mort (Time Remaining: 0:10 Pistons 92, Pacers 92). Les Pistons lancent un système : Lowry passe la balle à Bosh qui trouve Kevin Garnett ligne de fond. La balle de match quitte ses mains juste avant que ne retentisse le buzzer… c’est dedans ! Et ils s’imposent 94-92.
Dans le Game 2, Kevin Garnett (48 points, 11 rebonds et 5 passes) ne laisse aucune chance aux Pacers (120-86), malgré un Paul Pierce également au sommet de son art (42 points). The Truth (34 points), échaudé par ce début de série, donne la victoire aux siens dans un Game 3 tendu (103-107). Mais il ne put empêcher les Pistons de s’offrir une balle de match à domicile grâce à une victoire dans l’Indiana (99-84).
Le Game 5 est acharné, au duo Pierce-Billups (respectivement 30 et 26 points) répond le trio Garnett-Hugues-Ilgauskas (24, 21 et 20 points). Le match s’achève par une dernière minute épique. Après un shoot dans la raquette de KG, Billups balance une bombe à trois points pour remettre tout le monde à égalité une première fois (Time Remaining: 0:33 Pistons 104, Pacers 104), puis une deuxième fois à la sonnerie des 24 (106-106). Avec 14 seconde à jouer, Garnett prend ses responsabilités et shoote à mi-distance… réussit ! Plus que cinq secondes à jouer, Billups, l’homme du match, prend le shoot à trois points pour la gagne… manqué cette fois ! La série prend fin au bout de cinq matchs.
The KingPour le second tour, les Cavaliers de Cleveland reçoivent les Pistons avec l’avantage du terrain. Montée en puissance sur la deuxième partie de saison, l’équipe du MVP part favorite après un premier tour difficile (4-3 contre les Raptors). Malgré un LeBron James flamboyant et un KG en difficulté face à Shareef Abdur-Rahim, Detroit force un Game 7 à Cleveland.
Totalement dominé par son adversaire direct (29 points et 13 rebonds pour SAR), Garnett fait ce qu’il peut (20 points à 6/16, 11 rebonds et 4 blocks) pour peser dans la rencontre. Mais cette soirée, c’était celle de Chris Bosh, bien décidé démontré qu’il pouvait être plus qu’un simple lieutenant à l’avenir. Il joue les yeux dans les yeux avec son adversaire direct, le King himself (24 points et 10 rebonds) et inscrit huit points dans les quatre dernières minutes du match ! Surtout, il scelle le sort du match sur un trois-points assassin à 34 secondes de la fin (Time Remaining: 0:34 Cavaliers 100, Pistons 105) et les Pistons remportent ce Game 7 110-104. Chris Bosh termine logiquement homme du match au terme d’une performance accomplie (25 points à 9/13, 9 rebonds, 4 steals et 2 blocks).
Les Cavaliers n’auront pas réussi à prendre leur revanche de la dernière post-season et sortent dès le second tour… gare à James la saison prochaine !
AI, JO et le BaronEn finale de conférence pour la première fois de leur histoire, les Pistons doivent affronter les favoris au titre. Meilleure équipe de saison régulière, les Nets peuvent compter sur un trio de trentenaires d’ores et déjà légendaire : Jermaine O’Neal, Allen Iverson et Baron Davis ! Detroit crée la sensation en allant d’entrée de jeu s’imposer deux fois sur le terrain des Nets. Deux matchs très disputés (83-78 et 90-86) dominés par un KG retrouvé : 36 points et 18 rebonds dans le Game 1, 21 points, 15 rebonds et 7 passes dans second.
Dans le Game 3, malgré une performance aboutie (23 points, 17 rebonds et 7 passes), KG fait basculer la rencontre en laissant Nate Robinson attraper un rebond offensif et provoquer sa sixième faute à une seconde du terme… alors que les équipes étaient à égalité ! Le meneur de poche ne tremble pas et les Nets reprennent espoir avec une victoire 106 à 104 à l’extérieur. Toutefois, ils ne réussirent pas à récupérer l’avantage du terrain au Game 4. La faute à un Ilgauskas intouchable ce soir-là : 35 points et 14 rebonds pour le lituanien et une large victoire 102 à 86.
Dans le Game 5, les Nets tentent un coup de poker en positionnant The Answer à l’aile… et le moins qu’on puisse dire c’est que ce ne fut pas concluant du tout. Seulement 14 points pour l’ancien MVP. Seul Jermaine O’Neal surnage (28 points et 20 rebonds), mais KG se montre intraitable avec 19 points, 15 rebonds et 8 passes au compteur. Les Pistons s’imposent 107 à 79 et remportent la série 4-1 à la surprise générale.
Divin Harris et Superman !Pour la première fois, Kevin Garnett et les Pistons atteignent les ABN Finals ! L’opposition avec les Blazers s’annonce compliquée. Mais tenant compte de l’inexpérience de la jeune équipe de Portland, les bookmakers s’accordent à donner Detroit favori. Pour KG, c’est l’occasion de définitivement entrer dans la légende... d’une manière ou d’une autre ! En cas de défaite, il n’y aurait plus grand-chose à faire pour lui enlever cette étiquette de loser qui lui colle à la peau…
Les trois premiers matchs sont un récital collectif pour les Pistons, à l’image de Garnett qui signe un joli triple-double dans le Game 2 (16 points, 15 rebonds et 10 passes) et laisse Bosh s’imposer doucement comme le leader au scoring. A 3-0 le titre se rapproche, mais le plus dur reste à faire.
Pour ne laisser aucun espoir aux Blazers, KG et sa bande escomptent bien boucler la série dès le Game 4. Mais les jeunes gens de l’Oregon ne l’entendent pas de cette oreille ! Ils tiennent bon, menés par un Devin Harris éblouissant (28 points et 7 passes) et un duo Aldridge-Howard dominant dans la peinture (18 points et 12 rebonds pour le premier ; 22 points et 9 rebonds pour Dwight). Le dernier quart temps est particulièrement âpre. Howard pense donner un avantage décisif aux siens avec un panier dans la raquette à trente seconde du buzzer (Time Remaining: 0:30 Trailblazers 98, Pistons 96). La victoire se profile d’autant plus quand, à onze seconde du terme, Lamarcus Aldrige bache avec autorité une dernière tentative d’égalisation de KG. Le Blazers n’avaient plus qu’à conserver la balle pour valider leur première victoire… mais sur la remontée de balle, Hugues rappelle à tout le monde qu’il est l’un des meilleurs défenseurs à son poste et intercepte la passe du pauvre Tayshaun Prince ! A quatre seconde du terme, Kyle Lowry hérite de la gonfle, la transmet à Garnett qui shoote au buzzer… c’est dedans ! Stupéfaction dans la Rose Garden Arena, il faudra jouer la prolongation. Au terme d’un Over Time marqué par une grande maladresse de part et d’autre, les Blazers s’imposent finalement d’un petit point après un dernier panier de… Diop dans la raquette alors que les Pistons perdaient de trois points…
Sur leur lancée, les Blazers s’imposent dans le Game 5 grâce à une performance collective accomplie des deux côtés du terrain.
Enfin de retour à la maison, les Pistons attaquent le Game 6 le couteau entre les dents et étranglent d’entrée leurs adversaires, terminant le premier quart-temps sur un cinglant 29-5 ! Le match est rapidement plié et Detroit s’impose largement 111 à 71. KG parachève son chef-d’œuvre avec une performance dantesque : 23 points, 13 rebonds, 7 passes et 7 blocks ; bien secondé par Chris Bosh (33 points et 12 rebonds) et Hugues (12 points, 6 rebonds, 6 passes et 6 interceptions).
Enfin champion ! Garnett termine MVP des finales au terme d’une campagne de playoffs sublime : 22,7 points, 13,4 rebonds et 2,1 blocks. Avec un titre obtenu en tant que leader de sa formation, KG vient de réserver sa place au Hall of Fame… tout du moins on l’espère !
À présent, il va pouvoir profiter sans pression des dernières années de sa magnifique carrière… pour mener Detroit vers de nouveaux succès ?